Les attitudes du fleuve de Muriel Peretti

Traduit de l’italien par Isabel Violante avec le concours de l’auteur

Éditions Albiana

Deuxième roman de Muriel Peretti – mais le premier publié – Les attitudes du fleuve explore avec profondeur les thèmes de l’amour, de la perte, de l’exil, des secrets et des trahisons, tout en rendant un vibrant hommage à la Résistance. Il nous entraîne à la suite d’Andreina, une femme d’origine italienne, dont le parcours la mène de son village natal à Naples, puis à Marseille, avant d’atteindre la Corse. Son arrivée tourmentée sur l’île est marquée par son rôle longtemps insoupçonné aux côtés du résistant Robert Giudicelli, qui sera pris et assassiné à Lyon en 1944.

Au fil de sa narration, Andreina dévide les fils de vies multiples, où chaque personnage cherche une échappatoire à la réalité. Métaphore des vies humaines, souvent complexes et tortueuses, le fleuve de Chisà devient le symbole des parcours entrelacés de la petite et de la grande histoire, les voix de l’héroïne et des personnages qui l’entourent se mêlent dans un récit à la fois réaliste et onirique, révélant des facettes lumineuses et sombres de l’existence.

Ainsi, au soir de sa vie, Andreina, l’Italienne devenue corse, est confrontée à ses souvenirs, notamment lors de la veillée mortuaire de son mari, Guy. Elle réalise que les souvenirs, même les plus obscurs, peuvent apporter une forme de paix : « Elle était vouée au souvenir, elle le savait, même les choses les plus obscures font du bien pour qui sait les traiter comme il faut, tout ne doit pas être effacé. Juste soigneusement mis de côté. »

Au milieu des vivants et des morts qui défilent, Andreina revoit les véritables héros, parmi lesquels Robert Giudicelli, et ces hommes et ces femmes invisibles qui, à leur manière, apportent une « part entière de lumière » à l’humanité.

S’étendant au-delà de la Résistance avec un grand « R » en temps de guerre, le roman aborde aussi la résistance quotidienne « au jour le jour » à laquelle chacun peut se confronter. Andreina et les autres personnages naviguent ainsi dans un flux de vie, à contre-courant ou en accord avec le cours des événements, chacun étant contraint de choisir sa propre direction.

Les attitudes du fleuve nous offre ainsi une belle exploration des liens entre mémoire, identité et résilience, et une invitation à réfléchir sur les choix humains et la complexité des relations dans un monde en constante évolution.

L’auteure Muriel Peretti est née en Corse où elle a passé son enfance. Après avoir vécu par la suite à Marseille, Aix-en-Provence, Paris, elle s’est installée à Rome il y a vingt-cinq ans.

Les attitudes du fleuve est son premier roman publié. Initialement écrit en italien, la version originale Come pietre di fiume a été traduit en français par Isabel Violante.

Elle a publié un recueil de nouvelles, Passerelle (2019), une poésie et une nouvelle dans les volumes Congiunti (2020) toujours en italien.

Intervista

· Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?

Une histoire d’héroïsme et de résistance quotidienne, d’amours, de trahison et d’exil. Ce qui devait être une biographie – celle du grand résistant Robert Giudicelli – est devenue un roman par la grâce de l’imaginaire et le pouvoir d’un personnage, une certaine Andreina Candeli, qui a imposé son histoire et décrit toute la complexité des sentiments humains.

· Qu’est-ce qui a inspiré ce roman ?

Les sources de ce roman sont multiples : la vie de mon arrière-grand-oncle, Robert Giudicelli (1911-1944) et son engagement pour la liberté et la justice, pour ses élèves – il était instituteur ; le village de Chisà et sa beauté ; sûrement l’Italie où je vis depuis longtemps ; le fleuve assimilé ici aux méandres de l’esprit humain, lumineux et tortueux ; et tant d’histoires de résistances.

· Pour écrire, il vous faut… ?

Du temps, du thé, de la paix, la nature quand je lève les yeux si possible, et ce grain de magie qui parfois vient ; et s’il ne vient pas encore du thé, du temps, de la passion, de la nature pour le laisser revenir. Et marcher pour oublier ce que l’on écrit et se nourrir d’autres pensées puis y revenir.

· Votre meilleur souvenir de lecture

Spontanément, en sortir d’enfance : Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. À l’adolescence, Il mestiere di vivere de Cesare Pavese. Je ne sais si ce sont mes « meilleurs » souvenirs, il n’y a pas de légèreté en eux, mais ce sont ceux qui m’ont le plus marquée, tout comme Borges, Gomez-Marcos, Kadaré… et tant d’autres. Récemment, L’orecchio di Kiev d’Andrei Kurkov et le très beau livre sur Tonì Casalonga, d’arte e d’impegni, un voyage en textes et images par Vannina Bernard-Leoni. J’ai droit à plus de souvenirs, puisque je lis en italien aussi.

· Un héros /héroïne (de fiction ou dans la vie réelle) préféré ?

J’ai la chance d’en avoir de nombreux, dans ma famille et mon entourage. C’est comme pour la résistance quotidienne, il y a les héros silencieux et ceux qui ont dû se faire connaître pour porter des causes. En Italie, j’aime beaucoup Liliana Segre, sa « grinta » : rescapée d’Auchwitz, sénatrice de 94 ans, elle se bat inlassablement contre toute forme de racisme.

· Un  livre  que  vous  auriez  aimé  signer ?

En poésie, Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire qui rassemble un tas de styles, de thèmes différents. C‘est révolutionnaire, on ne s’en lasse jamais ! Et dans un roman, les dialogues d’Ernest Hemingway. Enfin, si la musique est un univers littéraire, ce que je crois, et inversement, la bande originale du film Le mépris par Georges Delerue.

· Une passion en dehors de l’écriture ?

Les envies de fuites réalisées, l’amour, la lecture, la mer, les amis, la fête, l’art, le théâtre, l’opéra… tout ce qui offre la possibilité de s’échapper et fait partie de nos petits actes de résistances quotidiens.

· Un lieu qui vous ressemble ?

Le grand phare de Propriano, où j’ai grandi. C’est à la fois l’appel du large – il est souhaitable et possible de partir, et un gage de sécurité – il sera toujours là pour nos retours. Ce mur haut qui protège la plage, sa chaleur quand on s’y appuie, le vertige quand on est en haut : c’est un monde à soi. Et c’est là que j’ai appris à nager à 4 ans, c’est un symbole important pour qui aime la mer au moins autant que le fleuve.

· Qu’aimez-vous faire lorsque vous n’écrivez pas ?

Voire passions ! Nager, danser, lire, rêvasser, voir mes amis, préparer des projets futurs – et donc partir en Albanie pour mon prochain roman j’espère, écouter, regarder. Ne rien faire, trop rarement.

Vous pourrez rencontrer Muriel Peretti

Le 6 novembre à la librairie La Marge à Ajaccio

Le 7 novembre à 18h00 à la médiathèque de Bastia

Le 9 novembre à 17h00 à Chisà

Et à Paris le 17 novembre à 11h00, au Salon des éditeurs corses et le 18 novembre à 19h00, à La Libreria, 89 rue du Faubourg-Poissonnière dans le 9e.

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