MUSANOSTRA OU L’IVRESSE DE LA LITTÉRATURE
En période estivale, la culture devient festive avec« E statinate ». L’évènement fut de retour
dura nt deux jours à Lumio. Sa marque de fabrique : Des livres et du vin. « Deux beaux produits del’intelligence », résume Marie-France Bereni-Canazzi. La coordinatrice de Musanostra, association qui a mis sur pied la manifestation, multiplie en effet les actions pour « faire sortir la littérature de la bibliothèque.» Conséquence, rendez-vous fut donné entre mer et maquis, au sein même du forum, pensé comme un lieu d’échanges.
Par Jean Poletti
Car les écrivains nationaux comme locaux présents en nombre purent deviser avec le public particulièrement dense et séduit. Voilà en substance, l’autre temps fort qui rythmera ces trois
journées. En présence de modérateurs, Gaspard Koenig, Sylvain Tesson, Ariane Chemin, Thomas Schlesser échangèrent avec l’assistance ravie de ce dialogue impromptu. S’agissant de Thomas Schlesser rappelons que son dernier ouvrage Les yeux de Mona publié aux éditions Albin Michel est déjà un best-seller. L’auteur éclectique est par ailleurs historien de l’art, professeur à Polytechnique, directeur de la fondation Hartung- Bergam. Son roman est qualifié de «phénomène» et connaît un important succès dans le monde entier. Il est vendu à plus de 160 000 exemplaires en France et
traduit en 37 langues. Souvent comparé au Monde de Sophie de Jostein Gaarder, il raconte l’histoire d’une petite fille menacée de devenir aveugle que son grand-père conduit avant sa cécité dans les musées parisiens (Le Louvre, Orsay, Beaubourg) afin qu’elle garde en mémoire les chefs d’œuvre ;
« chaque œuvre est une invitation à la vie par l’art », plaide l’auteur. Quant à Sylvain Tesson, écrivain, voyageur et essayiste, son dernier roman Avec les fées aux Éditions des Équateurs évoque un voyage vers la civilisation celte. Il raconte dans un journal de bord ses sentiments, ses exaltations sur fond de
mythologie.
Savante alchimie
Des vignerons de la microrégion étaient bien évidemment représentés en qualité d’hôtes de marque. Et témoins privilégiés de la tradition viticole de la microrégion. Le maire de Lumio, Étienne Suzzoni, également viticulteur, ouvrit la voie. Tandis que Pascal Leonetti, meilleur sommelier de France, se mêla avec bonheur à cet épisode. Il faut dire que l’influence enivrante du vin a souvent été source d’inspiration, depuis l’Antiquité, pour bon nombre de poètes et d’écrivains. Raison pour laquelle, les organisateurs d’E Statinate, misent eux aussi sur cette savante alchimie. Capturer l’imagination passait
aussi par la mise en valeur de la langue nustrale. À ce titre, Petru Leca reçut le prix «Musanostra» de littérature corse pour son recueil de poèmes E u ventu aux éditions Albiana. Au fil des pages,
l’ancien journaliste offre un voyage vers l’intime aussi séduisant qu’initiatique.
Notre brillant confrère s’inscrit dans une longue liste d’auteurs insulaires qui eurent légitimement la part belle. À l’image de Dominique Memmi, Sandrine Lucchini, Don Mathieu Santini ou encore José Carducci. En point d’orgue, la voix de la chanteuse Battista Acquaviva conférera un supplément d’âme à ces rencontres, résolument tournées vers le patrimoine vivant et les savoir-faire. Musanostra, fidèle à
son efficiente habitude poursuivra cet automne ce type de manifestations qui au-delà des différentes initiatives se fondent toutes dans un unique creuset consistant à promouvoir la littérature,
l’art, le cinéma, a lingua corsa. Et ainsi les offrir au public profane ou initié, en bannissant tout élitisme.
NOTER :
LA COLLECTIVITÉ DE CORSE, AIR CORSICA,
LA MAIRIE DE LUMIO, L’UNIVERSITÉ DE CORSE,
TÉLÉ PAESE, ÉTAIENT PARTENAIRES DE L’ÉVÈNEMENT.
WWW.MUSANOSTRA.COMMUSAFESTIVALS@GMAIL.COM
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