Par Jean Poletti
Guerres. Menaces d’autocrates. Où que se porte le regard tout n’est souvent que suaire, douleurs et larmes. Le Hamas et son frère de sang le Hezbollah lèvent de nouveau l’étendard de l’obscurantisme dans une fatwa mortifère pour détruire Israël. Poutine ressuscitant le tsarisme rêve de Grande Russie en annexant l’Ukraine. Dans le Haut-Karabakh, la population arménienne subit un génocide. Le Turc Erdoğan révèle son vrai visage et menace au nom de l’islamisme conquérant. En Iran, les mollahs crucifient la liberté et persécutent les femmes refusant le voile. Au nom de la Charia ou d’une quête d’espace vital, de sinistre mémoire, le monde chancelle sous les funestes offensives. Dans un retour d’une histoire essaimant ses pogroms voilà revenus ces temps honnis que collectivement, par lâcheté ou oubli, on pensait à jamais ensevelis. Certains en appelaient à la vigilance, mais leurs voix se perdaient dans le vent de l’indifférence. Tout comme celle de Bertolt Brecht répétant inlassablement que « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. » Inlassablement, mêlant actions isolées à l’arme blanche ou provoquant des charniers d’ampleur, une idéologie totalitaire sape inexorablement les valeurs humanistes. Que cette offensive du mal soit religieuse ou exclusivement expansionniste n’influe nullement sur les funestes conséquences. Même si la volonté des fous d’Allah est un danger mortel, qui souille le fronton de la République. Car si les dictateurs passent, l’idéologie de ceux qui préfèrent l’instinct de mort à la vie perdure d’une génération, l’autre. Rarement Noël aura autant été ourlé de sombres nuages. Ce moment de quiétude pour les croyants ou libres penseurs, fêtant la Nativité ou le solstice d’hiver, est amputé du charme revêtant la traditionnelle formule « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » Cette parenthèse enchantée se brise sur un mur des lamentations, faute d’avoir su la préserver comme une nécessité vitale. Pis encore, il est chez nous des forces politiques, dites progressistes, qui s’engoncent dans le déni. Pour des raisons électoralistes, elles tournent le dos aux doctrines socialistes, celles de Combes et de Jaurès, instaurant la laïcité. La tuerie de Charlie-Hebdo ? Oui mais le blasphème, rétorquent ces nouveaux négationnistes. L’assassinat d’enseignants ? Cela n’empêche pas tels députés ou figure de proue naufragée de manifester avec ceux qui crient Allah Akbar à gorge déployée dans des manifestations, au demeurant interdites. Sont-ils obnubilés jusqu’à la cécité pour ne pas distinguer entre agresseur, qu’ils rechignent à nommer terroriste, et un petit État qui dans un environnement hostile lutte pour sa survie ? Oui défendre la paix est engagement noble à condition de distinguer le bon grain de l’ivraie. Et en filigrane, dire enfin que le bestial Hamas, qui depuis des années détourne à son profit les aides financières internationales, est sans doute le premier ennemi du peuple palestinien, qu’il rançonne et maintient sous une féroce férule. L’empêchant de s’éloigner des zones de combat pour mieux l’utiliser comme bouclier humain. Telle est la réalité. Dénoncer cette tragédie sans partialité rendrait crédible tous ces faux disciples de Gandhi, qui perdent leur âme dans des dialectiques indignes. Les fins lettrés que sont certains Insoumis, et notamment leur mentor, piétinèrent volontairement la vérité. Ils flétrirent la pensée de Camus affirmant que mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde. Ces fossoyeurs des Lumières, alliant non-dits et mensonges éhontés, deviennent complices de ceux qui aspirent à instaurer les directives coraniques. Les voilà, toute honte bue, adeptes du glaive intégriste pourfendeur de démocratie. Là est l’enjeu. Tel est le défi qu’il convient de relever. Il transcende les différences et doit impérativement s’imprégner du sublime poème de Louis Aragon « Celui qui croyait au ciel. Celui qui n’y croyait pas. Tous deux adoraient belle prisonnière des soldats. » La Rose et le Réséda. Le rouge et le blanc. Ces couleurs antagonistes se fondant dans le creuset de l’intangible défense des libertés individuelles et collectives. De conscience ou de pensée. Pessimisme exacerbé ? Nullement. Réalisme devant les prémices d’un chaos que d’aucuns se refusent encore à reconnaître. Le passé cependant apporte des lueurs d’espoir. Ainsi, par exemple, lors de la Première Guerre mondiale, un soir de Noël, des soldats ennemis sortirent de leurs tranchées et célébrèrent tous ensemble cet indicible instant qui remplaçait le fracas des obus par un chant de fraternité entonné dans des langues différentes. Mais qui s’unissaient en point d’orgue aux accents d’humanisme. Ceux qui attestent mieux que vains discours que les antagonismes peuvent parfois se teinter d’accords harmonieux. Un tel épilogue, sans être l’inaccessible étoile de Brel, ne pourra advenir qu’une fois éradiqués les fanatismes puisés dans les doctrines des frères musulmans et leurs bras armés. Et la voix d’outre-tombe de Félix Leclerc de fredonner « Quand les hommes vivront d’amour. Il n’y aura plus de misère. Et Commenceront les beaux jours… Les soldats seront troubadours. Mais nous, nous serons morts mon frère. »
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