Tous les clignotants sont au rouge vif dans cette structure de logement social. Nombreux impayés, trésorerie défaillante, crise sociale, enquêtes judiciaires pour d’éventuelles surfacturations. Tel est le triste constat qui fait craindre le pire.
Par Jean Poletti
Le mal vient de loin. Il conjugue laxisme, gabegie, imprévoyance et inconséquences. Sur les quelque trois mille logements que gère l’office, plus d’un millier de dossiers ont été ouverts pour loyers impayés. Soit un manque à gagner évalué pour ce seul poste a un million et demi d’euros. En corollaire, le parc immobilier dont les deux tiers se situent à Bastia est globalement ancien et vétuste, impliquant de coûteux travaux de rénovation. A telle enseigne que deux cents logements, ne peuvent être mis en location et demeurent fermés. Un gâchis supplémentaire quand on sait les besoins et les attentes d’une population fragile, concrétisés par plus de trois mille demandes d’appartements sociaux dans le département de Haute-Corse !
Sans avoir à forcer le trait, il convient de dire et d’affirmer que ces quelques digressions symbolisent la faillite d’une gestion ancienne. Peu ou pas de constructions, des soupçons de gabegie financière, un personnel excédé, en colère et critique. Avec en toile de fond le risque de la disparition de l’office public. Indignes conséquences d’une stratégie défaillante et de prévarications.
La débâcle en débat
A l’évidence la nouvelle présidente Fabienne Giovannini découvre un véritable champ de ruines. Sa fonction ne sera pas un long fleuve tranquille. Elle le sait pertinemment. Situation inextricable ? Le pire n’est jamais sur stipule l’adage. Et à ses yeux poser sans atermoiement un diagnostic n’est pas synonyme de baisser les bras. Mais à l’inverse de tirer la sonnette d’alarme afin que nul ne feigne plus d’ignorer la débâcle. De détourner les yeux. Ou de glisser le problème sous le tapis de l’oubli. Ici et ailleurs, des voix s’élèvent pour fustiger la décision gouvernementale d’amputer le loyer de solidarité en résonnance avec la baisse des allocations logement. Cela se traduit pour l’office par une perte oscillant cette année autour d d’un million deux cents mille euros. A cela s’ajoute en incidence le doublement de la Tva sur la construction.
Ces restrictions étatiques et générales ne doivent cependant pas être l’arbre qui cache la foret. Elles aggravent certes les difficultés présentes et à venir, mais n’en sont à l’évidence pas la cause. En bannissant tout accent qui sied aux procureurs de circonstance, ou de remuer le couteau dans la plaie, il convient de ne pas occulter que ce fut un panel d’erreurs, de fautes individuelles et collectives, qui aboutirent au point proche du non-retour.
Mesures d’urgence
Chi fà ? Rebâtir un socle fiable, bâtir dans l’efficience et l’équité ce domaine du logement social, dont une population précaire a tant besoin et qui subit la double peine. Car dans l’opinion bruisse la rumeur de marchés publics truqués, de pots de vins, bref d’un exemple typique de clientélisme. Un exemple suffira à fixer les esprits : Un chantier évalué à cinq mille euros fut en épilogue facturé douze fois plus ! La justice saisie par la présidente rendra son verdict. Mais en filigrane des mesures d’urgence et conservatoires s’imposent pour consolider l’existant et accroitre l’offre locative. Voilà ce qui importe prioritairement.
Dans l’immédiat, un audit organisationnel a été initié. Il se doublera d’une convention d’objectif et de moyen signée avec la collectivité territoriale afin de répondre aux criants besoins. Par ailleurs, le projet national pour la rénovation urbaine sera sans conteste un ballon d’oxygène. Autant de lueurs d’espoir, qui peuvent forger un optimisme tout relatif. En effet, la cruelle réalité revient en leitmotiv, et donne le sentiment au sein des locataires, qui paient rubis sur l’ongle malgré leurs salaires modestes, d’être les grands sacrifiés d’une incurie qui semblait monnaie courante dans le petit monde de l’Office public de l’habitat.
Lueur d’espoir
Malgré un héritage perclus de gaspillages et de fraudes, la nouvelle présidence n’est pas inerte. Tant s’en faut. Les remises en état ne jouent plus l’Arlésienne, Près de trois cents logements vont être prochainement livrés à Furiani, Vescovato, Bastia ou Folelli. Certains diront qu’il s’agit d’une goutte d’eau dans la mer des besoins. Mais au-delà de cet aspect factuel, s’esquisse une nouvelle méthode et l’avènement d’une bénéfique dynamique. Prémices d’un retour à la normalité que certains sabordèrent ? Osons l’espérer.
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