Paola Fabiani : La voix de l’entrepreneuriat responsable
Dans l’ère tumultueuse de la révolution numérique, émergent des figures entrepreneuriales qui défient les conventions et repoussent les frontières de l’innovation. Paola Fabiani, présidente fondatrice de Wisecom, incarne cette essence même de l’audace et de la vision novatrice. Son parcours témoigne de son engagement indéfectible envers l’entreprise et son rôle sociétal.
L’ouvrage de Paola, « Le savoir n’est plus le pouvoir », publié en 2018, se dresse comme un manifeste au croisement de l’intelligence artificielle et du potentiel humain. Dans cet essai visionnaire, elle explore les ramifications profondes de la technologie sur notre société, plaidant pour une alliance entre l’innovation et l’humanité.
Au-delà de ses réalisations entrepreneuriales, Paola Fabiani s’illustre également dans l’arène publique, occupant des postes influents au sein d’organisations telles que le Medef ou le CESE. Son engagement transcende les frontières de l’entreprise pour embrasser des enjeux sociétaux plus vastes, attestant de sa conviction profonde quant au pouvoir transformateur de l’entrepreneuriat.
Ainsi, plongeons dans le monde dynamique de Paola Fabiani, où l’audace rencontre la sagesse, et où la technologie se marie à la conscience sociale pour façonner un avenir aussi prometteur qu’inspirant.
Par Anne-Catherine Mendez
Parlez-nous de votre parcours ?
En parallèle de mes études j’ai intégré totalement par hasard Téléperformance, le leader mondial des centres d’appel.
J’ai ensuite évolué dans ce secteur jusqu’au poste de directrice des opérations du Groupe Armatis, et, à 23 ans j’ai été recrutée par mon client Neuf Télécom où j’ai intégré le comité de direction du grand public au poste de directrice des ventes.
En 2005, convaincus que ce métier pouvait être pensé autrement, nous avons avec mes associés créé Wisecom, le premier centre d’appels en plein cœur de Paris à un moment où tout le marché se délocalisait en «offshore», Afrique du Nord, Madagascar…
Notre objectif : Prouver qu’en mettant l’homme au cœur du modèle associé aux nouvelles technologies, nous pouvions être compétitifs et casser les idées reçues sur le centre d’appel avec des prestations sur mesure.
Quelles sont les activités de Wisecom?
Wisecom est un centre de contacts au concept unique basé sur le talent humain et l’Intelligence Artificielle.
Ce positionnement nous a permis de créer une synergie optimale entre 2 métiers habituellement dissociés : le conseil et le centre de contacts.
Sur le volet du conseil, nous intervenons tant sur la conception que l’optimisation de programmes de commercialisation, de fidélisation, d’expériences clients et de coaching. Sur le volet opérationnel, nous proposons d’accompagner nos clients dans leur développement commercial en faisant de la prise de rendez-vous ou de la vente auprès d’entreprise, de gérer leurs services ventes ou réservation mais aussi leurs services clients ou encore de transformer les demandes via formulaires ou autre support en rendez-vous ou en vente.
Nous sommes en train de devenir entreprise à mission démontrant ainsi qu’il est possible d’allier croissance et RSE dans un secteur hautement concurrentiel.
Vous êtes vice-présidente, porte-parole du Medef, présidente du Comex 40 national et bien d’autres responsabilités encore, cela ne donne pas le tournis ? Plus sérieusement que représente pour vous ces engagements ?
Selon moi, la notion d’engagement est fortement liée à celle d’entreprendre.
J’ai créé Wisecom parce que je voulais faire bouger les choses et prouver qu’un autre modèle pouvait exister.
Mes différents engagements s’inscrivent dans cette même logique à savoir comment apporter ma petite pierre à l’édifice.
Aujourd’hui, avec le bureau national de la commission entreprenariat que je copréside, nous avons bâti une feuille de route dont la première mission est de diffuser l’esprit d’entreprise et l’envie d’entreprendre auprès de tous et notamment des jeunes, des seniors, des femmes…
Nous travaillons également à permettre, à tous les entrepreneurs, d’accéder à un financement simplifié et diversifié, dès la création et à travers les différentes étapes essentielles de la vie d’une entreprise mais aussi à faciliter l’accès au marché son premier bien sûr et les suivants jusqu’à l’export. Enfin nous travaillons sur la prospective et l’avenir autour d’un thème sur l’entrepreneur de demain…
Avec une feuille de route et des actions, nous accompagnons le changement et influons sur les politiques publiques en remontant des cas constatés et des propositions concrètes sur des sujets fondamentaux pour les entrepreneurs, notre économie et notre société.
Est-ce que ça donne le tournis ?… S’engager, c’est pour moi, l’opportunité d’ouvrir son regard sur le champ des possibles, se confronter avec d’autres vécus et d’autres perceptions, ce qui en fait un merveilleux moteur d’inspiration personnelle mais aussi pour mon entreprise et ses perspectives.
Quels sont les grands enjeux selon vous de l’entreprise aujourd’hui ?
Nous sommes à un moment historique car nous devons inventer un nouveau modèle économique qui va nous permettre de créer une richesse nouvelle.
L’entreprise doit à ce jour relever trois défis majeurs à la convergence des 3 transitions, Comment concilier croissance et climat ? comment faire face aux enjeux démographiques tout en conservant notre modèle social et comment appréhender l’impact de l’IA ?
Chacune de ces transitions requerra un investissement de l’ordre de 100 milliards annuels. La question est de savoir où l’on va trouver les capitaux.
Avec en parallèle une conjoncture économique difficile, une géopolitique incertaine et un poids de la réglementation à la fois en augmentation croissante et de plus en plus complexe. Dans un contexte de concurrence mondiale, allant de plus en plus vite face à une innovation continue et des modes de travail en profonde mutation !
La réussite de ces 3 transitions suppose d’avoir un taux d’investissement de 24% du PIB, soit 2 points de plus qu’actuellement pour retrouver une croissance moyenne (d’après le Cercle des économistes), proche de celle de la France entre 1994 et 2008.
L’économie est au service du bien commun. Le dernier sondage fait ressortir l’entreprise comme une valeur refuge pour beaucoup. Elle est un acteur majeur de notre société, un moteur des grandes transformations et un formidable levier social, sociétal et environnemental, elle sensibilise, embarque ses parties prenantes, clients, collaborateurs, fournisseurs… mais elle ne peut pas tout. Il faut l’accompagner, la soutenir.
Vous venez de créer une entité en Corse, Vado Via, de quoi s’agit-il ? (Objectifs, perspectives…)
Vado Via a été créé en 2021 et c’est le premier centre d’appels implanté en Corse, à Ajaccio.
Implanter Vado Via en Corse est un choix qui s’est imposé naturellement.
Bien évidemment par mes origines, mais aussi parce que la Corse est dynamique, avec un bassin d’emploi en croissance, et dont nous connaissons le potentiel d’attractivité pour nos clients locaux, nationaux et internationaux.
D’autre part, parce qu’il y a une vraie volonté locale d’orienter l’économie de l’île sur des secteurs à haute valeur au cœur de la transformation numérique.
Comme Wisecom, Vado Via possède des gènes RSE forts et veut contribuer au développement de l’économie locale.
Notre objectif avec Vado Via est de créer des emplois de qualité accessibles au plus grand nombre en apportant un métier nouveau sur le territoire, qui mêle digital et humain et qui peut correspondre à un large public, pouvant s’exercer sur toute la Corse.
Pour ce faire, nous travaillons à faire mieux connaître notre métier souvent assimilé aux clichés, nous proposons des formations complètes sur nos différents domaines d’activités (loisirs, tourisme, industrie, énergie, santé, mode…) pour acquérir de nouvelles compétences avec une organisation en flex working permettant de mixer présentiel et télétravail avec une proportion plus ou moins importante selon la localisation et les temps de trajet adapté aux contraintes territoriales.
Nous avons aussi établi des partenariats avec Cap emploi, et nous avons créé un parcours de formation unique en collaboration avec Pôle emploi et l’AFPA.
Nous avons pu faire aboutir ce projet et nous développer avec le soutien du M3E et de l’ADEC.
Aussi, nous nous engageons activement à réduire notre empreinte carbone, en réduisant les déplacements liés au transport, en utilisant l’IA pour réduire le volume d’interactions des marques, minimisant ainsi la quantité de datas et réduisant donc l’empreinte carbone qu’elle génère. Un objectif d’agir concrètement pour la transition environnementale que nous poursuivons en participant à la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) Provence Corse.
Aujourd’hui, Vado Via c’est déjà une vingtaine de collaborateurs répartis sur toute la Corse.
Comment jugez-vous l’écosystème corse ?
La Corse recèle un très beau potentiel mais aussi des difficultés liées à son histoire, sa situation géographique et son économie…
L’écosystème corse a su à travers l’histoire démontrer son talent et ses qualités de visionnaire. À l’aune des transitions majeures que j’évoquais, il nous faut à nouveau le fédérer, pour l’utiliser, arriver à se projeter dans ce nouveau monde, capitaliser sur nos savoir-faire et nos atouts pour accompagner la transformation de nos modèles en conservant notre âme et nos valeurs qui font notre identité.
Quelle est votre devise ?
Les compétences se périment de plus en plus vite, là où les talent se découvrent et se bonifient !
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