Paroles d’images de Marie-Ange Risticoni

aux éditions Maïa

Quand l’image guide les mots

Après plus de vingt-cinq ans consacrés à l’enseignement, à la formation, ainsi qu’à la pratique de la PNL (programmation neuro-linguistique*) et de la sophrologie en libéral, Marie-Ange Risticoni revient à son premier amour : l’écriture.

Avec ce recueil de poèmes, elle nous invite à un voyage où l’image devient langage. Marie-Ange Risticoni laisse ainsi parler les paysages corses, capturés à la volée par l’objectif, à la vitesse du mythique « trinighellu » reliant Ajaccio à Bastia. Ciels tourmentés, montagnes abruptes, wagons oubliés et bâtisses abandonnées deviennent alors des voix singulières qui murmurent, crient ou se taisent, mais toujours éveillent l’émotion.

Pour cette passionnée de photographie et d’écriture, l’image est un déclencheur immédiat : elle impose son rythme et dicte les mots, surgis sans filtre, portés par la seule force du ressenti. L’écriture devient alors un geste spontané, dicté par l’urgence de traduire l’instant avant qu’il ne s’efface…

INTERVISTA :

Pour écrire il vous faut… ?

Pour écrire il me faut l’émotion. Bien avant l’analyse ou l’intellect, c’est la senso-perception qui déclenche l’écriture et ce que je vois !

Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?

Celui-ci est le 1er ! Le dernier je n’en ai pas la date ! Mon esprit aurait pu vous répondre, mais mes perceptions et mes ressentis ne savent pas encore ce qui pourrait m’émouvoir !!!

Qu’est-ce qui vous a incitée à associer la photographie et l’écriture dans ce livre ?

Ce qui m’a fait associer ’photographie et écriture, c’est sans doute mon chemin de vie et mon regard sur les limites que notre île nous impose. Elles sont porteuses de sensations particulières. Ce que mes yeux voient ne me trompent pas, l’image est belle, la mer est bleue mais ses contours me font ressentir à la fois l’enfermement et la dureté de la pierre en même temps que l’ouverture vers l’horizon symbole de liberté. Ce qu’elle évoque c’est elle qui me le transmet, ce n’est pas moi qui écris l’histoire, c’est elle qui me la raconte par sa forme, son odeur, sa rudesse. Perceptions et sensations, l’œil n’a plus qu’à retranscrire. Ces photographies de notre île prises à la vitesse de notre « trinighellu » Ajaccio/Bastia ont pris la parole, je n’ai eu qu’à laisser ma plume glisser sur le papier !

Une image vous a-t-elle particulièrement inspirée ?

Sans doute celle du cimetière de Bonifacio, la couleur de l’instant, ce parfait alignement de ces « dernières demeures » comme une sorte d’équilibre enfin trouvé face à la mer. L’image, loin d’être triste, énonce la Paix dans ce silence baigné par cette formidable lumière naturelle et le profond respect qui en découle. Un message fort, un silence porteur d’humilité, d’égalité, d’humanité. 

Comment l’image déclenche-t-elle les mots ? Pouvez-vous me parler de votre processus d’écriture ?

Comment l’image déclenche-t-elle les mots ? L’image porte l’émotion, elle montre, elle donne à voir. Qu’il s’agisse d’un tableau, d’une photo, d’un dessin ou d’une esquisse, c’est d’abord l’œil qui traite, il est le transmetteur de la sensation, du ressenti, bien avant le mot, ou la parole, l’analyse ou pire le jugement Voir, regarder, observer, ouvrir l’œil pour écrire au plus près de nos ressentis. Dès lors l’écriture ne peut être que spontanée puisqu’elle est « sans filtre » elle passe de l’œil à la plume, c’est un instantané de vie prise au piège par l’objectif. Rien ne peut être discuté, tout est « dans la boîte ». L’image a pris la parole, elle vous la jette au visage, vous n’enjolivez rien… le vide reste le vide, ce rai de soleil à travers les nuages ne donne droit à aucune discussion, il est. C’est une écriture de l’urgence, chronométrée, sans détour ni circonvolution littéraire, et surtout pas à la manière de… Ce serait un comble !

Vous usez d’une technique d’écriture spontanée, qu’est-ce qui vous attire dans cette spontanéité ?

La photographie est le Maître, le mot n’est qu’à son service à la vitesse de la sensation ressentie, comme pour ne pas la perdre. Vite percevoir ce que l’image produit dans le corps en évitant si possible qu’elle ne se perde dans les méandres confus d’un cerveau impitoyable !

Après une carrière dans l’enseignement et la sophrologie, qu’est-ce qui vous a poussée à revenir à l’écriture ?

La sophrologie a mis pour moi en exergue les dérives de l’enseignement. Ce savoir en apnée, le peu de temps mis à la disposition des ressentis, le peu de cas que l’on fait du rythme de travail, de l’assimilation. Un corps qui ne respire pas, qui ne ressent pas, qui ne perçoit pas, ne peut ni retenir, ni apprendre de la bonne manière. La PNL m’a permis de faire ce tri nécessaire et d’avoir la bonne posture et la distance cohérente pour vivre « l’écriture autrement ». C’est cela qui m’inspire « l’autrement ». Tester autrement, essayer autrement, oser autrement et surtout s’engager autrement dans ce à quoi l’on croit. Moi c’est à la différence que je crois. Il n’y a pas UNE manière d’écrire nous le savons tous. Il y en a autant que d’individus et d’individualités.

J’écris depuis que j’ai 8 ans, les livres et les mots ont toujours été mes confidents et mes compagnons de route… ils ne m’ont jamais déçue et mon œil non plus !

Quels sont vos projets futurs ? Avez-vous déjà une nouvelle création en cours ?

Mes projets seront ceux que mes énergies me donneront ! Je les laisse venir à leur rythme. En sophrologie, nous disons « tout est possible autrement » encore ! Paroles d’images en est la preuve. Il est arrivé sans faire de bruit, sans douleur et de manière improbable. Mes filles y sont toutes les trois associées, une histoire d’amazones en somme ! Marion est créatrice de la couverture, Julie s’est chargée du recueil des photos et des textes (sans me le dire !) et Pauline a tout envoyé à l’édition (sans me le dire aussi !). Voyez les énergies étaient alignées !

Le tome 2 est prêt, un recueil de Contes pour enfants en gestation. En route pour de nouvelles aventures « senso-perceptives. »

* Approche psychologique qui emprunte des principes scientifiques à la cybernétique (la programmation), à la linguistique et à la neurologie. La PNL  décrit « comment les intéractions entre la pensée (Neuro) et le langage (Linguistique) organisent le fonctionnement de notre corps et de nos comportements (Programmation) ».

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