PÉTANQUE IMPÉRIALE

Du 11 au 16 juillet, la 5e édition de l’International de Pétanque d’Ajaccio et ses 300 équipes investiront le cœur de la cité impériale. Son président Jean-Philippe Santucci revient sur ce tour de force à la fois technique et sportif.

Par Caroline Ettori

L’International de Pétanque d’Ajaccio semble avoir trouvé ses marques en centre-ville. C’était votre objectif, dès la création de l’événement…

Effectivement, il s’agit de la 5e édition de l’International mais la deuxième seulement en cœur de la ville. Nous serons présents sur la place du Diamant qui recevra le carré d’honneur avec pas moins de 50 terrains mais également sur deux sites complémentaires, la place Miot et le Casone, pour faire vivre l’événement un peu partout dans la cité. Nous attendons 300 équipes soit 900 joueurs venus du monde entier, de Côte d’Ivoire, du Liban ou encore de Madagascar ou plus près de nous du Luxembourg, d’Espagne, de Monaco et de Belgique.

Comment attirez-vous ces joueurs, ces très bons joueurs, à Ajaccio ?

Beaucoup d’entre eux participent à cette période de l’année à un circuit de quelques semaines en France. Ajaccio en est une des étapes importantes. Par exemple, les équipes libanaises et malgaches participeront à la Marseillaise, une semaine avant de venir en Corse. L’International n’est pas un concours de pétanque au sens local du terme. Notre rendez-vous est labellisé par les Fédérations française et internationale. Nous répondons à un cahier des charges très précis s’agissant des participants, 6 équipes de 6 nationalités diffé- rentes au minimum, des terrains normés, de l’encadrement avec un quota d’arbitres… Autant de contraintes essentielles pour que l’événement prenne tout son sens et réponde à une exigence de qualité. Ainsi, nous avons réussi à intégrer très rapidement les circuits Passion Pétanque Française et les Masters ; des concours prestigieux et des étapes qualificatives qui donnent accès à une grande finale nationale, richement dotée, au mois de janvier.

Un concours réputé mais qui reste ouvert à tous…
Bien sûr ! Il faut avoir un certain niveau pour performer mais tout le monde peut y participer. Il suffit d’être licencié. Les participants au concours principal peuvent d’ailleurs s’inscrire jusqu’au jeudi 12 juillet au soir. Dès la création de l’International, notre démarche visait à agréger d’autres événements au concours principal. Nous souhaitions ouvrir aux séniors, aux femmes, aux jeunes… Les 7-17 ans ont ainsi leur rendez-vous. Le concours fait partie du circuit national Educnaute et cette année, nous accueillerons également les Espagnols, champions du monde juniors pour que nos jeunes puissent se confronter à l’élite. Enfin, et c’est la vraie bonne surprise, depuis maintenant quatre ans nous organisons un tournoi « famille » devenu un incontournable entre compétition et convivialité. Il associe des enfants âgés de moins de 14 ans à leurs parents ou leurs grands- parents. C’est là, tout l’esprit de la pétanque.

Les initiés pourront aussi croiser des joueurs emblématiques de ce sport…

Il y aura le parrain de l’association organisatrice Ajaccio Sport Pétanque Dylan Rocher, champion du monde et vainqueur de la Marseillaise à de nombreuses reprises. À 25 ans à peine, il est peut-être le meilleur tireur du monde. Il sera présent avec son coéquipier Stéphane Robineau. Parmi nous également, Philippe Quintais et Philippe Suchaud cumulent près d’une vingtaine de titres de champion du monde. À leurs côtés, Henri Lacroix et Simon Cortes, Damien Huraud, Julien Lamour, Fabien Barre, Dylan Nexon et Sacha Solana, Tyson Molinas chez les jeunes, entre autres ! Tous sont des références incontestables.

Qu’en est-il du niveau des participants insulaires? Pouvons-nous nous attendre à de bons résultats ?

En Corse, il y a de très bons joueurs qui arrivent à performer au niveau national. Après, la difficulté est la même que dans les autres sports : l’insularité freine les déplacements et la confrontation avec d’autres concurrents. La Corse organise certainement les plus beaux concours, à Bastia, L’Île-Rousse, Borgo, Porto-Vecchio et Ghisonaccia, trois événements internationaux et trois nationaux. C’est à ces différentes occasions que les joueurs insulaires progressent, que le nombre de licenciés augmente et qu’on casse quelques clichés au passage.

Parmi ces clichés, la pétanque ne serait pas vraiment un sport…

Et pourtant, elle l’est, avec son cadre et ses règles. Il faut des qualités très précises pour pouvoir s’imposer : concentration sur un temps long, répétition des gestes, gestion du stress, endurance, esprit tactique, cohésion d’équipes… La pétanque est un sport collectif qui se joue de manière individuelle. Vos parte- naires peuvent vous motiver, vous rassurer ou au contraire vous déstabiliser. La partie de boules de Pagnol, c’est vachement sympa, il faut la garder mais depuis, le loisir s’est transformé en sport et s’est structuré. À mon sens, ce qui changera définitivement la donne sera de passer sport olympique en 2024 en tant que sport officiel ou simplement en démonstration.

Là encore, contrairement aux idées reçues, la pétanque n’est pas que méditerranéenne… Bien au contraire ! Par exemple, elle est très populaire en Thaïlande. La Reine mère a découvert la pétanque dans les année 70 et a décidé de l’importer dans son pays. Depuis, ce sport est enseigné de l’école primaire à l’université. Les Thaïlandais comptent parmi les meilleurs joueurs du monde et nous avons bon espoir de les accueillir en 2019. Par ailleurs, le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire s’imposent régulièrement au cham- pionnat du monde.

À travers l’association et plus récemment le club Ajaccio Sport Pétanque, vous œuvrez également à changer l’image de ce sport…

L’association, composée de personnes issues de clubs différents, a été créée pour organiser des événements autour de la pétanque. Rapidement, la question de l’évolution de la structure s’est posée. Nous avons finalement opté pour créer un label club qui compte déjà 6 titres de champion de Corse et 80 licenciés. Des membres qui se rencontrent régulièrement au sein de notre espace de convivialité à Vignetta. Cette structuration ne nous a pas laissé beaucoup de temps pour organiser la 3e édition du Pétanqu’inu, la fête de la pétanque au Palatinu. L’idée était de démontrer que la pétanque pouvait se jouer partout, y compris là où on ne l’attendait pas. Il y avait pas mal de sceptiques au début mais nous avons relevé le défi technique pour recouvrir le parquet flottant du Palatinu sans l’abîmer. Grâce à l’expertise d’Ajaccio Béton, les terrains spéciaux ont pu être aménagés sans problème. Les deux premières éditions ont eu lieu en janvier 2016 et 2017, une période plutôt creuse, la saison ne reprenant qu’en février. Pourtant, nous avons constaté un véritable engouement populaire qui allait bien au-delà du monde de la pétanque grâce notamment à la présence du groupe Vitalba ou des Pescadori in Festa. C’est à la suite de cet événement que nous avons eu l’accord de la ville pour organiser l’International sur la place du Diamant en prenant bien sûr toutes les précautions en matière de sécurité.

Comment voudriez-vous que la pétanque soit perçue en Corse ?
Elle fait partie du patrimoine insulaire. Tout le monde a joué au moins une fois dans sa vie à la pétanque, sur la place du village ou à côté de la paillote. Tout le monde peut y jouer, peu importe le sexe, l’âge ou les moyens financiers. La pétanque, c’est la convivialité. Mais c’est aussi, quand il s’agit de sport de haut niveau et non plus de loisir, d’un événement remarquable aux multiples dimensions. Une dimension économique, nous avons évalué à un million d’euros les retombées sur le bassin de vie ajaccien durant les quelques jours du tournoi. Cette année la CCI de Corse-du-Sud sera d’ailleurs partenaire de l’International. La dimension touristique, on peut être aussi une vitrine pour la Corse. La dimension sociale puisque la pétanque est ouverte à tout le monde et véhicule des notions de respect et de solidarité. De plus, le lien intergénérationnel est préservé, ce qui n’est pas donné à toutes les activités. Les bienfaits de la pétanque ne sont plus à prouver. Aujourd’hui la question est simple, que fait-on et comment fait-on pour accompagner au mieux les acteurs de ce sport

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