SANTÉ – Hospitalisation à domicile
L’ALTERNATIVE HAD
Depuis 2005, l’Hospitalisation à Domicile de Corse (HAD) se positionne comme un acteur clé dans l’accès aux soins pour la population de Haute-Corse. Alternative essentielle aux soins hospitaliers, elle offre aux patients une prise en charge globale et sur-mesure. Aujourd’hui, grâce à une équipe pluridisciplinaire et un solide réseau de partenaires, elle élargit ses services et propose un dispositif de soins de bien-être et de confort inédit pour les patients atteints de cancer directement à leur domicile renforçant les soins de supports déjà proposés.
Par Caroline Ettori
Créée en l’absence de toute offre d’hospitalisation à domicile dans le département, cette association à but non lucratif présidée par Jean Brignoli et dirigée par Angelina Brignoli incarne les valeurs fondamentales de l’égalité et de la qualité dans la prise en charge médicale.
Pour l’adjointe à la direction Angèle Staelens, le principe même de l’HAD permet aux patients de se concentrer sur leur guérison. Et uniquement sur celle-ci : « Nos équipes interviennent directement chez le patient, au sein du foyer familial ou même en Ehpad si la personne réside dans ce type d’établissement. La prise en charge est totale. »
Un établissement de santé au service de tous
Classée comme établissement de santé, l’HAD de Corse répond aux mêmes exigences que les hôpitaux traditionnels : autorisation de fonctionnement, certification, sécurité, qualité des soins, et prévention des infections nosocomiales. Elle se distingue par une approche résolument inclusive, garantissant un accès équitable aux soins, indépendamment des conditions économiques ou sociales des patients. « Nous nous adressons à tout le monde, reprend Angèle Staelens, quel que soit l’âge ou le problème de santé, chaque cas, sur prescription médicale, sera examiné et évalué par nos services. Une fois l’éligibilité du patient validée, il lui sera proposé un accompagnement sur-mesure élaboré par une équipe pluridisciplinaire en concertation avec son médecin traitant. » Contrairement aux soins ou au maintien à domicile, l’hospitalisation à domicile reste une hospitalisation à part entière. Chaque patient bénéficie d’un projet thérapeutique personnalisé couvrant les aspects médicaux, paramédicaux et psychosociaux de la prise en charge. Environ 560 patients ont pu bénéficier d’une prise en charge par la structure cette année, des très jeunes enfants aux séniors sans limite de durée. Une prise en charge peut se faire sur une journée comme sur plusieurs mois.
Une équipe mobilisée
La continuité des soins est au cœur de l’engagement de l’HAD de Corse. Une permanence paramédicale et médicale est assurée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, garantissant aux patients et à leurs proches une tranquillité d’esprit précieuse. L’HAD compte trois médecins, sept infirmières coordinatrices, cinq aides-soignantes, un pharmacien et quatre préparateurs en pharmacie, un service social, un service diététique, un secrétariat médical et un logisticien. L’association a également tissé un solide réseau avec des professionnels du soin libéraux, infirmières, kinésithérapeutes, psychologues, orthophonistes, podologues. Et collabore étroitement avec tous les établissements de santé du Cap Corse à Alistro, San Giuliano en passant par le Grand Bastia, le Nebbiu et la Balagne ainsi qu’avec les différents Ehpad, SSIAD de la région.
En plus des zones urbaines, l’HAD de Corse s’efforce de desservir les régions les plus isolées de son territoire d’action, notamment les zones rurales. Cet engagement pour la continuité des soins illustre sa mission fondamentale : offrir une prise en charge de qualité partout et pour tous. « Cette alternative permet de garder les patients chez eux tout en garantissant les conditions de sécurité et la qualité de soins que propose un hôpital. Elle permet aussi de raccourcir le séjour en centre hospitalier et une meilleure acceptation du traitement. De la même manière, elle facilite la coordination entre les différents intervenants et renforce, ou prolonge l’autonomie du patient tout en soulageant la famille et les aidants. »
L’HAD de Corse promeut une hospitalisation plus humaine s’adaptant aux besoins spécifiques de chaque patient dans le confort de son foyer. C’est d’ailleurs ce principe qui l’a incitée à élargir son offre de soins.
Un dispositif de soins innovant
L’établissement de santé a récemment répondu à un appel à projet lancé par la Collectivité de Corse pour la prévention et la promotion de la santé, avec un projet ambitieux destiné à améliorer la qualité de vie des malades atteints de cancer. Un programme d’une importance capitale pour la Corse qui est un des territoires les plus touchés par cette maladie en France.
« Ce dispositif consiste en un accompagnement global en soins de bien-être et de thérapies complémentaires, visant à accompagner les traitements médicaux des patients. L’objectif est d’améliorer leur qualité de vie en répondant à des besoins fondamentaux tels que la gestion de la fatigue, de la douleur, des difficultés sociales et l’amélioration de l’image corporelle », précise Angèle Staelens.
Une équipe pluridisciplinaire de professionnels est mobilisée pour la mise en œuvre du projet, incluant des sophrologues, conseillère agréée en fleurs de Bach, socio-esthéticienne, art-thérapeutes, hypnothérapeutes, éducateurs en activité physique adaptée, diététicien et assistante sociale. Tous ces experts se sont unis autour de cette initiative avec une conviction commune de contribuer à améliorer le bien-être des patients confrontés à la maladie.
Engagé pour le mieux-être
Pascale Casta fait partie de l’équipe des quatre sophrologues sollicitées par l’HAD avec Élodie Alfonsi-Carlotti, Julie Cappai, Victoria De Cicco. Intervenant à Erbalunga et Furiani, formée par l’institut Zuili, elle est également conseillère agréée en fleurs de Bach. Pascale Casta témoigne de son engagement à s’investir auprès de personnes en quête de mieux-être. « Mon envie d’aider vient de mon expérience personnelle. J’ai accompagné ma grand-mère atteinte d’un cancer des os. Ce fut une période très difficile, mais elle a forgé ma volonté d’aider les autres. Aujourd’hui, à travers la sophrologie, je peux offrir un soutien précieux. » La sophrologie relationnelle qui associe mouvements corporels, respiration et visualisation positive met l’accent sur l’écoute active et, comme son nom l’indique, la relation à la personne. « Cette méthode aide à se reconnecter à soi-même, à mieux gérer ses émotions et à mieux supporter la douleur physique. Elle offre aussi une prise de recul face à ces situations complexes et pénibles », poursuit Pascale Casta qui a entretemps approfondi ses connaissances avec une formation spécifique dans l’accompagnement des personnes atteintes de cancer. « Mon approche repose sur plusieurs méthodes complémentaires permettant d’offrir un suivi adapté aux besoins spécifiques de chaque personne. »
Le dispositif de l’HAD prévoit également des soins prodigués par une socio-esthéticienne. Basée à Calenzana Alicia Cappai couvrira l’ensemble du territoire de l’HAD. « J’ai toujours travaillé dans le médico-social. Après avoir débuté dans ce secteur, j’ai repris des études en esthétique, puis en socio-esthétique. » Diplômée de l’université de Nantes, sa formation lui a permis d’acquérir des compétences spécifiques en chimie et cosmétologie, en dermatologie notamment pour le soin des peaux brûlées par la radiothérapie ainsi qu’en psychologie. Alicia Cappai a également forgé son expérience en milieu hospitalier. Passée par les Ehpad de Corte, un service de cancérologie à La Réunion, elle a occupé un poste de coordination en hôpital gériatrique sur le continent où elle recrutait les coiffeurs et esthéticiennes qui intervenaient auprès des patients. « C’est en aidant ces professionnels dans leur interaction avec les malades que j’ai voulu me spécialiser dans la socio-esthétique. » Alicia en livre sa vision : « La socio-esthétique, c’est une pause pour permettre aux patients d’oublier leur maladie, de se couper de ce qui est négatif. Cela peut passer par des massages, du maquillage, de la relaxation ou encore des conseils en colorimétrie et en coiffure, notamment lorsque les cheveux commencent à repousser après des traitements. » Elle insiste sur l’importance du bien-être global : « Ce n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique. Ces soins permettent aux patients de se réapproprier leur image et de ne pas être réduits à leur statut de malade. » En collaborant avec l’Hospitalisation à Domicile, Alicia souligne la richesse de cette prise en charge : « L’HAD offre une vraie valeur ajoutée en Corse où ces soins ne sont pas accessibles à tout le monde. Si je peux contribuer, c’est une satisfaction immense de savoir que mon métier a un impact positif sur le quotidien des patients. »
C’est là toute la mission des équipes de l’HAD de Corse, privilégier une approche inclusive et holistique de l’hospitalisation pour remettre l’humain au cœur du parcours de soins.
Une HAD à quel prix ?
L’hospitalisation à domicile est prise en charge à 80% par l’Assurance maladie, les 20% restant sont couverts par les mutuelles ; sauf pour les personnes prises en charge à 100% pour une affection de longue durée. En outre, les soins complémentaires seront entièrement pris en charge par la Collectivité de Corse à hauteur de 50% et par l’HAD et ses partenaires, l’association Sœurs de Combat, la Marie-Do et la Ligue contre le cancer, pour l’autre moitié.
CHU : L’exception corse bientôt corrigée ?
Entre un 49.3 et une motion de censure, l’Assemblée nationale a approuvé mardi 3 décembre une proposition de loi visant à créer d’ici à 2030 un CHU en Corse. Comme l’a rappelé le député de la 2e circonscription de Corse-du-Sud (Liot) et rapporteur du texte Paul-André Colombani, l’île est la dernière région de France qui ne dispose pas d’un tel établissement sur son territoire. La prochaine étape se jouera au Palais du Luxembourg où les sénateurs devront à leur tour se prononcer sur ce texte.
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