Passionné d’Art et de Mode, c’est d’abord par la coiffure que Sylvain Bonvarlet s’est exprimé avant de s’illustrer dans la mode. Coiffeur créateur, il propose en effet depuis 2019 des collections couture, féminines et glamour, dans un style singulier hérité d’un parcours atypique. Deux métiers, la coiffure et le stylisme, dans lesquels il se réalise pleinement aujourd’hui.
Par Karine Casalta
Né à Amiens en 1980, Sylvain arrive en Corse à l’âge de 13 ans et n’en repartira plus. Fils de militaire, il grandit ainsi à Ajaccio. Peu intéressé par les études, son parcours scolaire le conduit après le collège à s’orienter vers la coiffure. Un métier qu’il va tout de suite aimer et prend plaisir à exercer encore aujourd’hui, dans lequel il trouve notamment, au travers des coupes et des couleurs qu’il effectue, matière à création et à transformation. Une fibre artistique qu’il porte en lui depuis toujours qu’il exprime aussi par la mode ou la sculpture « J’ai toujours aimé la mode, aimé créer, et de façon générale tout ce qui est lié à la transformation, que ce soit transformer un pain de glaise en sculpture ou du tissu en vêtement… J’aime avoir les doigts occupés, c’est tout ce qui me plaît. »
Aller au bout de ses rêves
Ainsi avec des rêves plein la tête et des créations plein les mains, il décide en 2019 de montrer ses modèles au public et ainsi tester son talent. Totalement autodidacte, il crée une première collection nommée « Orientasia », inspirée de l’Asie et de l’Orient, composée de pièces rappelant les gandouras et les kimonos, et crée sa marque « Sylvain B Design » dans la foulée. « J’y pensais depuis un moment ; je me suis dit que j’allais avoir 40 ans et que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais ! Donc pour ne pas avoir de regrets le jour où je partirai, je me suis donné les moyens de le faire ! Je pense que lorsqu’on s’en donne les moyens on peut tout faire. J’ai donc levé le pied sur la coiffure et mis l’accent sur la mode et la création. »Présentés à l’occasion d’un défilé à Porto-Vecchio, il rencontre alors un vrai succès. Les modèles vont plaire et seront quasiment tous vendus. Et déjà, ce premier défilé à peine terminé, une deuxième collection naissait dans sa tête « Je m’étais alors imprégné du site antique d’Aléria pour faire une collection inspirée des déesses gréco-romaines, avec beaucoup de drapés, dans des matières nobles telles que la soie, le crêpe de soie ou du voile pour des jeux de transparence. » Des modèles confectionnés à partir de moulages, qui épousent tous les corps et s’adaptent aux morphologies. « J’ai beaucoup travaillé sur cette collection, dans laquelle j’ai investi beaucoup de temps et d’argent en raison du coût des matières premières que j’avais choisi de travailler, et de broderies que j’avais dessinées, que j’envoyais faire broder à la main en Israël. » C’est alors que la crise sanitaire du Covid va stopper net la mise en œuvre du défilé qui avait été entièrement préparé. Un brutal coup d’arrêt qui va stopper le styliste dans son élan créatif. Déprimé, il décide alors de tout arrêter.
La rencontre avec sa muse
Mais quelques mois plus tard, en 2021, une très belle rencontre va le remettre en selle et donner un formidable coup de projecteur sur ses créations. L’actrice brésilienne transgenre Stella Rocha, égérie des nuits parisiennes, comédienne au cinéma et au théâtre, qui a notamment joué dans le film de Josiane Balasko L’ex-femme de ma vie ou encore dans le film de Gaspar Noé Love, cherche alors un styliste susceptible de l’habiller pour le festival de Cannes. Sans grande conviction, Sylvain qui la suivait de longue date sur les réseaux sociaux, va être le premier à lui répondre, pour lui proposer trois robes issues de sa dernière collection. Des créations qui vont séduire l’actrice et qu’elle va adorer porter. C’est ainsi qu’elle se rendra par la suite jusqu’en Corse pour découvrir le reste de la collection et se prêter à un shooting sur la plage de Calzarellu à Ghisonaccia. Le début d’une collaboration qui ne s’est plus interrompue et a donné un nouvel élan à l’énergie créatrice du styliste.
Au-delà de la forte amitié qui les lie désormais, l’actrice est devenue son égérie, sa muse, celle à qui il pense lorsqu’il crée. En retour, l’actrice qui s’affiche régulièrement dans ses créations n’hésite pas à mettre le styliste en avant sur les réseaux sociaux. Une vitrine qui offre à Sylvain de toucher une plus large clientèle notamment à Paris. Et un nouvel élan de motivation pour Sylvain qui entre temps s’est attelé à développer ses compétences en couture en se formant à la coupe et au patronage.
Des créations pensées et fabriquées en Corse
Un gros travail de formation qui lui ouvre un nouveau champ créatif en lui permettant de travailler aujourd’hui des vêtements plus structurés. Sa prochaine collection proposera ainsi pour cet hiver, des robes, mais aussi des vestes et des manteaux. Des modèles confectionnés à partir de moulages ou de découpes à plat dans des tissus de qualité. Toujours attaché à travailler des matières nobles, on pourra y retrouver des tweeds haut de gamme, pour la plupart issus de la haute couture ou encore du cuir provenant de filière raisonnée. Aimant jouer avec les matières, les textures et les couleurs, l’empiècement et les galons sont aussi prétexte au jeu, formant du relief et de la singularité. De petits détails qui créent la surprise et l’élégance sont un peu sa marque de fabrique. « J’aime travailler le mélange de matières, les associations inattendues, comme la soie avec le vinyle, ou encore le tweed avec le cuir. » Prenant également plaisir à casser les codes de structure, le classicisme de ses modèles tweeds sera twisté version sportswear dans un esprit « street chic » avec des vestes et manteaux proposant des zips en lieu et place de boutons ou se parant de capuches doublées de fausse fourrure.
Des pièces de collections Couture et Prêt-à-Porter entièrement fabriquées en Corse. Car avec un peu plus d’une dizaine de modèles qu’il produit chaque mois et vend très bien, c’est toujours lui qui continue à fabriquer chaque vêtement chez lui dans son atelier « Je commence le matin à 8 heures et souvent je suis encore là le soir à 20 heures, car je ne vois pas le temps passer ! J’y prends du plaisir, c’est une vraie passion ! » Il n’en oublie pas pour autant la coiffure qu’il exerce toujours pour ses client(e)s fidèles, à domicile trois jours par semaine à Ghisonaccia et un week-end par mois au Salon Studio 10 à Ajaccio.
Mais toujours autant inspiré par sa muse Stella Rocha, avec laquelle il espère pouvoir bientôt tourner un vidéo clip de sa collection et refaire un défilé, nul doute qu’il continuera encore longtemps à créer des modèles d’exception.
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