» JE SOUHAITE TRANSMETTRE MON AMOUR POUR LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL CORSE ET L’ART MÉDITERRANÉEN « 

Flore Sylvia est une nouvelle marque d’accessoires de mode spécialisée dans les foulards en soie. Sa créatrice, passionnée d’art, et de culture méditerranéenne, a connu d’autres expériences professionnelles,
avant de poser un nouveau regard poétique et artistique sur notre patrimoine insulaire. Rencontre.

Par Anne-Catherine Mendez

Comment est née cette collection de foulards ?
Cette collection de foulards et la création de ma marque sont nées d’une envie d’un nouveau challenge ! Après des études de management à Corte, j’ai travaillé dans la communication à Rome pendant 9 ans, en participant notamment au lancement de l’opérateur téléphonique Wind. En 2004, à 32 ans, j’ai quitté l’Italie pour rejoindre l’équipe du président de l’Université de Corse et créer le service communication, que je dirige depuis près de 20 ans. Bien que passionnée par mon métier, la crise du Covid, ses confinements, son immobilisme, ont fait ressurgir en moi le besoin de changement! Inscrite pour le plaisir à un nouveau diplôme innovant en Métiers d’art et de design, j’en sors major de promo en 2022, à 50 ans, fortement

encouragée par le jury à poursuivre dans cette voie. L’équipe du Pôle Pépite des étudiants entrepreneurs de l’université m’accompagne depuis dans ma démarche entrepreneuriale, qui a abouti en juin 2023 à la création de ma marque d’accessoires de mode, spécialisée dans le foulard en soie, et à une première présentation de ma collection à Creazione, le festival méditerranéen de la mode et du design de Bastia.

Quelles sont vos principales sources d’inspirations et pourquoi?
Ma première collection rend hommage au patrimoine architectural et culturel corse et à la Méditerranée. Je souhaitais proposer des créations ayant un sens, pour les Corses et pour les amateurs d’art et de culture en général. D’origine sarde par mon père, je suis très sensible à l’artisanat, fortement ancré en Sardaigne, et caractérisé par des motifs très riches et colorés. En Corse, c’est dans l’architecture, les sculptures ornementales, les peintures et les boiseries des églises, que j’ai retrouvé des décors inspirants. Bastiaise de naissance, c’est tout naturellement l’église emblématique Saint-Jean-Baptiste qui m’a inspirée. Le foulard Bastia, dans la taille 90×90 cm, est ainsi composé de plus de 600 églises miniatures en miroir, qui forment un imprimé très graphique. Le modèle Sole rend quant à lui hommage à l’oratoire de A Cuncezziò, rue Napoléon, et au soleil rayonnant de la mosaïque de galets du parvis. Les modèles Zuani et Orezza sont en revanche inspirés des portes richement sculptées des églises de Castagniccia. Tous les modèles de ma première collection sont en effet exclusivement composés d’éléments décoratifs des églises insulaires.

Quel est le processus de fabrication ?

Tout démarre par un travail de recherche autour de motifs du patrimoine corse, lors de visites de monuments ou à travers la consultation d’ouvrages issus des fonds corses des bibliothèques. Après la phase du croquis général du foulard, arrivent les phases plus longues du dessin minutieux de chaque motif, et de l’assemblage successif de ces motifs sur

un logiciel pour former le design global du foulard. Selon les modèles, les motifs sont conçus manuellement au crayon ou stylet numérique, ou bien avec un logiciel de design graphique. Chaque design est protégé auprès de l’INPI, l’Institut national de la propriété industrielle. Il est transmis à mon imprimeur de confiance en Italie, au lac de Côme, qui est une région spécialisée dans l’impression sur soie. Enfin, le foulard est confectionné et roulotté au sein d’un atelier italien avant d’être expédié en Corse.

Comment souhaitez-vous évoluer ?

Je viens de lancer ma marque et ma boutique en ligne et on me retrouve également sur Instagram. Concernant mes prochaines collections, je vais continuer à explorer notre riche patrimoine insulaire, qu’il soit architectural ou naturel ! Si mes premiers prototypes étaient réalisés en format classique 90x90cm, j’ai élargi la gamme avec un format bandana 65x65cm, et un carré 44x44cm qui se porte en ras du cou façon gavroche, dans les cheveux, mais également en pochette de costume pour homme. Cela me permet de proposer des tarifs diversifiés selon les envies des clients. À plus long terme, j’ai également dans l’idée d’enrichir la collection textile de nouveaux articles et de développer une ligne de papeterie.

Comment vous positionnez-vous sur le marché des créateurs corses ?
D’un point de vue esthétique, chaque créateur a son univers propre, très personnel et distinctif! Pour ma part, à travers mes créations, je souhaite transmettre mon amour pour le patrimoine architectural corse et l’art méditerranéen. D’un point de vue commercial, avec un collectif de créateurs corses, nous sommes en train de nous organiser pour être visibles sur le marché national et européen. Je crois fortement en la création insulaire, qui mérite une vitrine non seulement sur notre île, mais qui portée par l’image de marque de la Corse peut réellement être valorisée et appréciée au-delà de nos frontières. 

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