Tara Matthews, la petite quarantaine, est installée dans la région ajaccienne depuis un certain nombre d’années. Fille de diplomate anglais et de mère indienne, elle a vécu à travers le monde, mais elle est toujours venue se réfugier en Corse, territoire dont ses parents sont tombés amoureux, il y a plus de 40 ans. Elle n’a pas perdu son joli accent britannique, et c’est avec charme et entre deux avions, qu’elle nous a parlé de sa Queen Élisabeth II.
Propos recueillis par Anne Catherine Mendez
Vous êtes la plus ajaccienne des Anglaises, qu’avez-vous ressenti à l’annonce de la mort de la reine ?
Tara : Je suis amie avec quelqu’un de la famille royale. Vers 13h30, le jour de sa mort, elle m’a envoyé un message me disant que la reine n’était pas bien — c’était sérieux. Donc, quand officiellement, son décès a été annoncé, j’étais prête. Cela semblait irréel. Deux jours avant, elle avait été photographiée et semblait relativement en forme. J’ai éprouvé une grande tristesse, sa mort pour moi représente la fin d’une époque. Cependant, elle a enfin retrouvé son mari bien-aimé.
Comment vivez-vous la monarchie aujourd’hui ?
Tara : Je pense que la monarchie va considérablement changer. D’après ce que j’ai lu, le roi Charles III veut diminuer le nombre de membres de la famille royale. La nouvelle génération est de moins en moins intéressée par la monarchie. Avec la crise financière, que vit le Royaume-Uni, aujourd’hui, la royauté représente pour elle, de fortes sommes d’argent souvent dépensées pour rien.
Quel souvenir garderez-vous d’elle ?
Tara : Je n’ai jamais grandi au Royaume-Uni car mon père était membre des Nations unies, nous avons donc vécu partout dans le monde. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs, mais j’ai souvent regardé à la télévision la retransmission des événements royaux tels que des mariages. Ces dernières années, vivant à Londres, je l’ai vue passer une ou deux fois. Je pense que c’est merveilleux qu’elle ait pu vivre les célébrations du jubilé et voir à quel point elle a été appréciée.
Il y a une histoire merveilleuse. Son garde du corps a raconté que la reine disait toujours bonjour aux randonneurs qu’elle rencontrait en marchant en Écosse. Un jour, un couple d’Américains s’est arrêté près d’elle et s’est présenté, ils lui ont demandé où elle habitait.
Elle répondit : « Je vis à Londres mais j’ai une maison de vacances sur les collines. »
Ils ont alors insisté :
— Depuis combien de temps venez-vous ici ?
— Environ 80 ans.
— Oh ! Vous avez dû certainement déjà rencontrer la reine ?
— Non jamais, mais ce monsieur l’a déjà rencontrée, répondit-elle en pointant du doigt son garde du corps.
Il a alors regardé la reine et a dit aux Américains qu’elle pouvait être un peu acariâtre mais qu’elle avait un bon sens de l’humour. Le couple a alors donné leur appareil photo à la reine en prenant par le bras le garde du corps et ont demandé à Élisabeth II si elle pouvait prendre la photo. Ensuite, ils ont pris une photo avec elle. La reine s’est tournée vers le garde du corps et a dit « j’aimerais être une mouche quand ils rentreront en Amérique, montreront les photos à des amis et découvriront qui je suis ».
Qu’attendez-vous de votre roi aujourd’hui ?
Tara : Je pense qu’avant de devenir roi, le prince Charles a fait un travail incroyable avec sa fondation, à travers laquelle, il a aidé tant de personnes dans le besoin. Il est également passionné par le changement climatique et l’agriculture biologique.
Il donne déjà son avis sur divers sujets, alors que finalement ce n’est pas son rôle. Camilla, maintenant la reine consort, est une femme incroyable et je suis sûre, qu’elle sera un grand atout pour lui.
Et plus globalement, quel regard portez-vous sur l’Angleterre post-Brexit ?
Tara : Je n’ai malheureusement pas beaucoup d’espoir pour le Royaume-Uni après le Brexit. Le dernier gouvernement a été un désastre et ce nouveau n’est pas mieux. Beaucoup de choses ont été attribuées au Covid, mais maintenant les gens se rendent compte que c’est de la faute du Brexit. Le Brexit a des effets dévastateurs sur l’économie britannique.
J’aimerais me tromper mais je pense que la situation va empirer. Je suis désolée pour les nouvelles générations qui ont perdu l’accès aux opportunités incroyables de l’Europe.
Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.