C’est un cycliste d’un genre particulier que vous avez pu croiser sur l’une des routes de l’île ces jours derniers. Son nom : Roberto Balzaretti. Profession : ambassadeur de Suisse en France. Objectif : rencontrer les acteurs de l’amitié franco-suisse. En effet, depuis mars 2022, le haut fonctionnaire a entrepris un tour de France des régions. La Corse est l’une des dernières étapes de son périple diplomatique.
Par Caroline Ettori
Faire de la diplomatie autrement. Une diplomatie de proximité. Ce qui sonne comme un oxymore a trouvé une réalité bien concrète à travers le projet « En route avec la Suisse » initié par l’ambassade de Suisse en France et les consulats généraux de Suisse à Lyon, Marseille et Strasbourg. Le principe est simple : un ambassadeur, un vélo, des rencontres.
La grande boucle du tour de France des régions a débuté en mars 2022 et s’achèvera en décembre prochain. Durant un peu plus d’un an, l’ambassadeur Roberto Balzaretti aura sillonné par étapes les routes de l’Hexagone à vélo. Treize étapes principales de plusieurs jours, et quelques escapades de quelques heures, ont été imaginées pour aller à la rencontre des initiatives franco-suisses, des entreprises, des universités ainsi que des acteurs politiques, scientifiques et culturels qui cimentent au quotidien la relation entre la France et la Suisse.
Une diplomatie de terrain
« L’idée était de quitter nos bureaux parisiens pour faire connaître la Suisse et mieux connaître les différentes régions françaises. Nous avons commencé par établir une carte des Suisses en France. Nous sommes tout de même 210 000 sur le territoire. Nos deux pays partagent 600 kilomètres de frontières toutefois nous avons voulu aller au-delà des limitrophes Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Nous avons tracé des parcours, repéré des initiatives, découvert de belles pépites. »
Si les échanges sont bien au cœur de la mission diplomatique, le choix du moyen de transport pour provoquer ces rencontres n’est pas anodin : le vélo à assistance électrique. Une machine développée par l’entreprise suisse Maxon dont la motorisation innovante met en avant l’engagement de la Suisse dans la mobilité douce, le sport et l’innovation. « C’est l’originalité de la démarche », reprend l’ambassadeur Balzaretti. Cycliste amateur, capable tout de même de gravir le mythique mont Ventoux ou de parcourir 60 kilomètres dans la journée, Roberto Balzaretti retient surtout la dimension humaine du projet plutôt que son aspect sportif. « On se donne le temps. Ces voyages servent à développer la proximité. C’est ce qui nous correspond. La Suisse est un pays de santé, de mobilité douce. C’est notre message à destination des acteurs de la coopération franco-suisse, qu’ils soient entrepreneurs, scientifiques, universitaires, associatifs. »
Un dialogue qui se veut le plus ouvert possible. « J’essaie d’y aller sans préjugés ni a priori. J’ai vu des choses extraordinaires dans les nouvelles technologies, la créativité, des personnes qui ont envie de s’engager pour la chose commune. Bien sûr que certaines zones comme dans tous les pays doivent être redynamisées mais globalement j’ai vu un pays très vivant avec une population accueillante. »
Swiss made
L’étape insulaire reliera Bastia à Ajaccio via Corte du 9 au 12 octobre et comprendra un volet économique, un volet académique et un dernier plus politique. « Il y a une bonne marge de manœuvre pour développer les rapports entre la Suisse et la Corse », note l’ambassadeur. Effectivement, s’agissant des seuls échanges commerciaux, le montant entre les deux entités s’élève à une dizaine de millions d’euros contre une dizaine de milliards avec la région Île-de-France. Autre élément chiffré, la Suisse est l’un des premiers pays émetteurs de touristes en Corse, environ 100 000 personnes chaque année font le déplacement. De quoi nourrir les réflexions sur le transport aérien, c’est de saison.
« Les échanges commerciaux sont bien sûr importants mais les échanges peuvent également concerner l’innovation s’agissant des énergies renouvelables, de la valorisation des déchets, l’environnement… La Suisse a un véritable savoir-faire dans ces différents domaines et la Corse, encore très préservée, est parfaite pour mettre en œuvre ses pratiques respectueuses du patrimoine naturel. »
La Corse pourrait également s’inspirer de l’exemple helvète, politiquement correct. « La proximité est un des principes qui régit les rapports entre la population et ses élus. Notre politique intérieure fonctionne d’ailleurs sur ce modèle : les communes et cantons délèguent des compétences à l’État central et non l’inverse. Nous agissons au plus près des besoins des personnes. »
C’est d’ailleurs ce qui a conduit Roberto Balzaretti à renouveler sa pratique de la diplomatie. « Pendant longtemps, notre mission a été placée sous le sceau de la discrétion voire du secret. Aujourd’hui l’influence des réseaux sociaux, l’information en continu nous poussent à faire évoluer notre métier. Ainsi, même si le travail “classique” se poursuit, tous les ministères des Affaires étrangères font preuve de plus de pédagogie afin de rendre les choses plus compréhensibles, plus accessibles. »
Après la Corse, la délégation suisse partira pour le Massif central en novembre. L’ambassadeur insiste. Ce tour de France n’est pas une finalité mais plutôt un point de départ. « Le travail commence maintenant. Nous devons enrichir ces réseaux tissés au fil des rencontres, donner du contenu et du sens pour toujours mieux se connaître et de ce fait, mieux se comprendre. » Diplomate un jour, diplomate toujours.
Un consul honoraire pour la Corse
La communauté suisse de Corse regroupe près de 500 personnes. Pour la grande majorité d’entre elles, il s’agit de binationaux à l’instar du consul honoraire Dominique Dunand-Bruschi. « Je ne suis pas un professionnel de la diplomatie. Je suis là en appui du consulat général de Marseille et de son consul Andreas Maager. » Né en Corse, puis étudiant et jeune professionnel dans le canton de Vaud, le désormais chef d’entreprise ajaccien a une fine connaissance des deux territoires. Bien utile quand il faut assister ses compatriotes. « Je vois mon rôle comme celui d’une courroie de transmission entre les différents interlocuteurs : autorités locales, économiques, politiques, administratives, le consulat général de Marseille et la communauté suisse qui passe de quelques centaines de personnes à l’année à près de 100 000 personnes durant l’été. Soit plus de 1% de la population du pays. Dans ce cas, les demandes sont diverses et variées et vont de la perte d’un passeport à des choses plus fâcheuses encore. L’essentiel est d’assurer la protection et l’accompagnement de ces personnes dans toutes leurs démarches. »
Pour toute demande d’informations, un email : ajaccio@honrep.ch
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