Un homme de savoir fer

Initiative

Cavalier depuis son plus jeune âge, Jean-Charles Grimaldi a choisi, il y a 10 ans, de quitter son poste de banquier pour devenir artisan maréchal-ferrant à Ajaccio, un métier rare et vieux de deux millénaires dans lequel il s’épanouit pleinement aujourd’hui. Rencontre.

Par Petru Altiani

Au cours de ces dix dernières années, l’élevage des chevaux a connu un certain regain d’intérêt et la pratique équestre constitue désormais pour bon nombre de personnes une activité sportive ou de loisir. Entre 2000 et 2010, la Fédération française d’équitation a vu son nombre de licenciés s’accroître de plus de 58% et a comptabilisé 0,7 million d’adhérents pour 1,5 million de pratiquants. Depuis les années 1970, le nombre de licenciés a ainsi été multiplié par 10. Le cheval est par ailleurs considéré comme le troisième animal de compagnie préféré des Français, après le chien et le chat. Il incarne de fort belle manière la nature et la vie rurale auxquelles, selon de récents sondages, la population se dit, en général, de plus en plus attachée.

Emergence d’une filière
Cette tendance se confirme également en Corse où l’équitation suscite un réel engouement, avec notamment le développement des randonnées et treks à cheval, au bord de la mer, en montagne ou à la campagne. À noter que l’île dispose de sa propre race de chevaux « U Cavallu Corsu », officiellement reconnue en 2012 par la Fédération des chevaux de territoire et fruit d’un important travail engagé, il y a plus de 30 ans, à l’initiative des associations locales. Autant de paramètres et d’indicateurs qui concourent à l’émergence d’une véritable filière équine corse. Le maréchal-ferrant, métier vieux de plus de 2 000 ans, fait toujours partie des maillons de la chaîne. « Pas de pied, pas de cheval », cette expression, bien connue de tous les propriétaires de chevaux, est évocatrice du rôle primordial qui incombe au maréchal-ferrant. Ce dernier est, en effet, un précieux allié du cheval pour toutes les questions de santé en lien avec son pied. Le cheval qui se présente comme un animal naturellement doux mais craintif. Ses sabots influent tout particulièrement sur son comportement. Leur conception spécifique – la base du sabot est relativement sensible – permet au cheval de reconnaître le type de sol, de déterminer la fiabilité d’un chemin et de le rendre ainsi plus docile.

PDC 58 initiativePar amour du cheval
Il existe aujourd’hui, en France, environ 1700 maréchaux-ferrants. Durant de longues années, cette activité a été quelque peu délaissée avant de connaître progressivement une reprise. La Corse compte, elle, dans ses rangs une dizaine de spécialistes de la maréchalerie, parmi lesquels Jean-Charles Grimaldi, 36 ans, installé depuis 2008 à Ajaccio dont il est originaire. Artisan au
parcours atypique, celui-ci se plaît à préparer et façonner les ferrures courantes, afin de préserver et d’améliorer le fonctionnement physiologique du pied des chevaux. Il assure la fabrication et la pose des ferrures orthopédiques et thérapeutiques. Tout comme ses confrères, outre la maîtrise des techniques de maréchalerie, Jean-Charles Grimaldi s’est intéressé de près aux matériaux, aux alliages, à la biologie animale et à l’hippologie. « Il faut être un touche-à-tout », explique-t-il. « La polyvalence est le maître-mot de ce métier. »

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