Virginie Canali est à la tête de Maison Canali depuis environ une dizaine d’années. Avec son mari Julien, ils ont fait le choix de venir vivre et travailler en Corse, en rachetant l’entreprise d’ameublement fondée il y a 25 ans par Jean-Philippe Colonna.
De leur expérience professionnelle internationale commune, ils ont su en quelques années développer et enrichir l’offre initiale, tout en conservant des valeurs de proximité et de services personnalisés.
Une rencontre pleine de charme et d’énergie.
Par Anne-Catherine Mendez
Virginie, parlez-nous de votre parcours ?
Après mes études supérieures au sein d’une école de commerce, j’ai intégré la maison Guerlain. Puis toujours auprès du groupe prestigieux LVMH, j’ai dirigé le service « travel retail », c’est-à-dire la gestion des boutiques des aéroports, au niveau monde et Europe pendant quelques années. Mon mari, Julien, que j’ai rencontré pendant mes études était trader puis consultant dans le monde de la finance.
Nous avions tous les deux des métiers très prenants avec de nombreux déplacements à l’étranger, une vie parisienne bien remplie.
Quand nous avons eu nos enfants, nous avons voulu changer de vie. Il n’était pas concevable pour nous de ne pas les voir grandir, et nous avions également besoin d’un cadre de vie plus serein, plus qualitatif. Dans un premier temps, nous avons souhaité partir à l’étranger, mais aucun projet viable n’a retenu notre attention.
Julien est d’origine corse, il fait partie avec ses parents de la diaspora, de ceux qui sont partis, il y a des décennies s’établir à Paris, mais reviennent régulièrement pour s’y installer définitivement à la retraite. Alors la Corse, terre de nos vacances, est devenue une opportunité d’installation, un retour aux sources pour Julien.
Nos amis parisiens, nos familles respectives n’ont pas très bien compris nos choix, nous ont traités de fous, mais nous avons résisté (rire).
En 2010, vous vous installez définitivement à Ajaccio avec quel projet en tête ?
Nous recherchions une entreprise à racheter et à développer. La première opportunité qui s’est présentée à nous n’a pas abouti, c’était également dans le domaine du meuble, mais le projet n’était pas viable. Très rapidement, ensuite, nous nous sommes intéressés à l’entreprise gérée par Jean-Philippe Colonna, qui présentait de nombreux atouts, mais également quelques faiblesses. La même enseigne était présente sur deux sites relativement proches, le Stiletto et Baleone, et de ce fait, au fil des années, le projet s’il n’évoluait pas n’était plus stable.
J’ai une expérience dans le monde du luxe, mon mari dans celui de la finance, nous avons donc mobilisé toutes nos compétences pour présenter au fur et à mesure une offre complète en matière d’ameublement d’intérieur et d’extérieur.
Quand on a commencé, nous gérions une marque de cuisine et une enseigne de canapé, pour moi c’était trop frustrant, nous devions proposer un concept global, Maison Canali est née en partie de ce constat. Ensuite les opportunités, les rencontres, les coups de cœur, les galères, font naître d’autres projets auxquels vous ne pensiez pas au départ de l’aventure.
Aujourd’hui Maison Canali, ce sont deux lieux d’exposition, au Stiletto et à Baleone. Ce sont 7 enseignes représentées : Maison de la literie, Home Salon, XXL Maison, Habitat, Arthur Bonnet Cuisine et Mobilier de France. Ce sont 100 fabricants avec qui je travaille en direct, tout en privilégiant le made in France.
Comment se porte le marché du meuble ?
Avant de vous répondre, je souhaiterais juste souligner qu’aujourd’hui nous ne fêtons pas les 10 ans de Maison Canali mais les 25 ans de l’entreprise, avec des salariés qui sont là depuis le début. Nos équipes sont au cœur du dispositif, elles ont le sens de l’écoute, le sens du service et 95% de nos clients sont fidèles en grande partie grâce à cette relation de proximité.
Le marché du meuble a subi de très grosses difficultés entre 2008 et 2012. Ensuite, il s’est reconstruit peu à peu. Les pratiques commerciales ont évolué. Les consommateurs ont exigé plus de transparence sur la qualité des produits. De ce fait, les usurpateurs n’ont pas survécu. La concurrence s’est assainie. L’arrivée d’internet et l’évolution de la consommation ont de nouveau bousculé le marché. Celui de la literie en revanche a explosé. Nous voulons bien et mieux dormir. Entre 2020 et 2022, pendant la période Covid et post-Covid, les consommateurs se sont de nouveau recentrés sur leur intérieur, l’intérêt pour la décoration d’intérieur ne faiblit pas depuis environ 10 ans. Tous ces paramètres contribuent à rendre ce marché très dynamique.
En Corse, c’est également un secteur qui se porte bien. La démographie augmente, et nous travaillons également beaucoup pour l’ameublement des résidences secondaires, c’est environ 50% de notre chiffre d’affaires.
La nouvelle tendance est d’investir dans le durable, le jetable des années 2000 n’a plus la cote, y compris auprès des jeunes qui recherchent la noblesse des matériaux.
Comment appréhendez-vous votre évolution commerciale ?
Nous sommes de plus en plus concurrencé en local, c’est un fait. Pour ma part, je pense que nous devons être en capacité d’avoir des magasins localisés physiquement mais nous devons pouvoir proposer une offre digitale plus élargie, innovante, en rendant le même service. Personnellement, je ne suis plus physiquement en magasin mais au téléphone avec mes clients, pour du conseil. Je me déplace souvent sur site. Mon défi : comment être présent le plus possible auprès de mes clients sans pour autant qu’ils se déplacent ? Le digital, la 3D, la réalité virtuelle sont des réponses et il ne faut pas hésiter à investir dans ces nouveaux modes de communication commerciale. Par exemple, pour s’assurer que c’est le bon choix, le bon coloris, on photographie la pièce, on projette un canapé, un meuble et on transmet au client, qui en quelques clics, peut imaginer ses choix en situation.
J’aimerai également rendre mes surfaces commerciales vivantes, comme un lieu convivial dans lequel on a plaisir à venir découvrir des nouveautés, boire un café, échanger. Il faut réinventer le commerce, mais l’échange humain est nécessaire.
De quoi êtes-vous fière ?
Je suis fière de cette entreprise sereine, avec une équipe qui se sent bien. Je suis fière de ce projet professionnel et de notre projet de vie personnelle.
Votre devise ?
« Votre projet d’ameublement commence ici », je ne peux pas m’empêcher de le placer… et plus généralement la devise qui me suit depuis toujours : « À toute chose malheur est bon. »
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